Rêve du jour (Partie 2)

Publié le 5 Mars 2013

En route vers la grange, les deux hommes doivent faire attention car la pluie a rendu les gros pavés glissant et la pénombre n'aide pas à éviter les accidents. Ils savent tous deux qu'ils doivent être au mieux de leurs capacités dans les jours à venir. Faire le trajet jusqu'à la grange n'aura jamais pris autant de temps. Une fois arrivés, le voyageur ferme soigneusement la porte avant d'enlever son manteau à nouveau trempé et de chercher un briquet à amadou dans une de ses poches. Il sait que son hote est en train d'installer du bois pour un feu, la torche, accrochée en entrant, éclaire faiblement un creux dans le sol de la grange. Ce creux, soigneusement pavé, permettra de faire du feu sans qu'il ne soit vu à travers les jours apparents dans les murs de la grange. Le voyageur reste près de la porte, aux aguets, il écoute la pluie tombant sur le toit et sur les pavés dehors. L'eau qui ruisselle fait entendre un bruit qui l'apaise quelque peu mais un frisson glacé lui rappelle combien il est urgent de faire un feu. Il s'installe près du creux à présent rempli en partie par du bois et arrive à allumer un petit feu. Petit, mais suffisant pour qu'il y réchauffe ses mains et pour voir le visage interrogatif de son ami.

 

-Je sais, les questions sont nombreuses. Je ne peux répondre à toutes, les réponses les plus importantes arriveront avec nos compagnons. Je ne puis te dire qu'une chose : la semaine qui vient sera décisive, et tu vas devoir changer beaucoup de choses autour de toi pour atteindre notre objectif.

 

- J'espérais avoir plus d'informations de ta part, j'ai une femme et trois enfants qui sont inquiets, je les avais prévenu que je devrais sans doute partir l'année prochaine... Qu'est ce qui précipite ainsi les choses? Pourquoi arriver durant la nuit, sous la pluie? Pourquoi ne pas attendre de venir me voir en dehors de ma maison afin de ne pas les effrayer?

 

-Je comptais m'installer dans une auberge jusqu'à demain et venir te voir au moment où tu serais seul mais les visages que j'ai vu en arrivant en ville ne me disent rien qui vaille, j'ai préféré ne pas rendre ma présence publique.

 

-Ils sont ici?

 

-...

 

Ce dialogue, chuchoté, ne devait avoir aucun témoin... Excepté un chat, réfugié dans la grange par un passage sous la charpente et dont un oeil luisait parfois grâce à la lueur du petit feu. Ce luisement inquiéta le voyageur qui sortit une lame de sous sa chemise et le reflet métallique qu'elle produisit fit reculer son compagnon. L'inquiétude du voyageur, contagieuse, commençait à se voir sur les traits de son compagnon. Ils restèrent silencieux, prets à bondir à la moindre alerte. Bien qu'il n'ait pas de couteau, Eric laissait sa main, tremblante, flotter au dessus d'une bûche, un gourdin de fortune... Dans le silence, seule la pluie, continue, laissait entendre ses clapotis en tombant des toits sur un sol plus qu'humide.

Rédigé par lecahierbavard

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